Petit retour sur l’escalade cet automne de la voie des Fantômes à la falaise de la Sûre dans le Vercors.
Comme pour la voie de la Chouette (à lire ici), nous signons probablement la première répétition, en 21 H effectives.
Ouverte par P.Biron et G.Nominé les 17 et 18 Septembre 1969 en 18H « après préparations ». C’est la troisième voie de haut niveau signée ici par Georges Nominé. Nous attaquons donc prévenus cette voie qui semble, sur le papier, très soutenue sur la première moitié.
La difficulté avec les vieux topos est toujours d’évaluer l’ampleur des « préparations » quand l’horaire effectif global de l’ouverture n’est pas précisé.
Nous attaquons en deux jours de canicule fin Juillet. Comme souvent avec G.Nominé il faut avoir l’esprit plutôt ouvert concernant l’engagement et la vision des passages de libres: la première longueur est un bon test. Nous avançons lentement la première après -midi jusqu’à R3 pour y trouver un relais de but.
Il a fallu bien déchiffrer le vieux topo pour grimper les trois premières longueurs, pas faciles du tout, en mixte libre/artif.
On récupère ensuite une ligne de fissure-dièdre évidente sur les quatre longueurs suivantes.
Mais le pitonnage reste bien difficile à certains endroits et il demeure compliqué d’accélérer en grimpant en libre: mauvais rocher, herbes, et peu de protections sur coinceurs.
Le crux en artif est le passage d’A3, court mais bien technique en traversée, est à négocier immédiatement au dessus du relais … et on poursuit par une grande longueur de mixte dans une superbe fissure à équiper principalement en pitons.
La zone médiane s’approche d’un toit triangulaire quasi parfait et bien identifiable vue du bas. L’escalade devient surplombante et la ligne contourne ce surplomb par la droite pour accéder à la deuxième partie.
Nous revenons début octobre pour remonter les cordes fixées droit sous le grand toit.
C’est notre cinquième voie d’escalade à la Sûre et à chaque fois les 100 derniers mètres sont différents. Ce coup ci nous arrivons sur une large zone dégagée, avec une très belle L8 à protéger sur gros friends. Nous débouchons sur une vire herbeuse dominée par des surplombs chaotiques.
Finalement, un passage audacieux dans un dièdre suspendu nous dépose au dernier relais improbable, confortable et facile à construire. Finalement, nous sortirons la douzième longueur de nuit, plutôt gluante après les premières pluies d’automne.
♦ quelques infos sur la voie: topo détaillé
– à refaire, on staterait jusqu’à R3, puis on dormirait à R6 pour sortir facilement le troisième jour.
– nous avons laissé deux pitons en place: un relais avec renvoi bien agréable à R7.
il y a une poignée de matos en place, seul R3 est équipé avec un spit de 8mm + piton.
-la voie est moins directe que la voie de la Chouette mais tout aussi réussie par son ambiance unique dans le dièdre sous le grand toit médian.
-comme toujours ici, ça pitonne assez mal …
voici quelques photos en diapo