Retour un an après (à lire ici) sur la falaise de la Sure dans le Vercors Nord pour s’attaquer à un autre projet: la Voie de la Chouette.
Ouvert en 1969 en solitaire par Georges Nominé, l’itinéraire remonte une ligne de fissures en plein centre d’une face déversante et compacte: dans le bas le rocher est fracturé puis se bouche dans le milieu, mais dans le haut on récupère une ligne de faiblesse inespérée.
La voie est majeure avec quelques passages très exposés et marquants, dans une sacrée ambiance continuellement déversante, avec des relais inconfortables et sur un rocher très compact et très dur.
On a été très impressionné par cette ouverture: en solitaire en 1969 c’est tout simplement grandiose et Nominé était vraiment un prodige précurseur. En comparant avec certaines voies de référence de l’époque comme Les Enragés ou La Guy Héran, c’est à des années lumières en terme de technicité et d’exposition, tant dans le libre que dans l’artif.
Nous sommes partis dans l’optique de sortir en deux jours, une « plate-forme » est indiquée sur le topo à R5. La première journée est vite avalée et on se retrouve après 10h d’escalade au bivouac: une simple marche de la taille d’une étagère nous accueille. On arrive tant bien que mal à tendre un mauvais hamac, l’autre dormira sur cette petite marche.
Le lendemain, usés par ce bivouac de fortune, on se retrouve au pied de la longueur dure: rocher ultra-bouché et pitonnage très éloigné, tout un programme. Sur la fin, ça devient délicat et le piton expansion de 1969 est cassé (?), on essaie de passer à la loyale mais une chute nous rappelle à l’ordre: on le remplace et on passe.
La longueur de mixte qui suit reste bien difficile dans du rocher moyen où un pitonnage réfléchit et bien dosé permet de passer juste juste en serrant les fesses, encore un sacré passage.
Un peu feignant le matin pour se lever, on se retrouve après 9h d’escalade pris par la nuit à deux longueurs du sommet, on choisit de faire un super deuxième bivouac au relais précédent. On sortira facilement le lendemain.
On a mis presque 23h pour sortir au sommet avec plus de 100 pitons plantés dans du rocher étonnement dur: il faut taper fort pour les rentrer, on en a cassé quelques uns au dépitonnage, à refaire on prendrait quelques univs en acier dur avec pas mal d’extra-plats.
En tout cas une super aventure sur cette falaise magnifique de haut niveau, toujours autant au calme à deux pas de Grenoble.
Voici un croquis de la voie ainsi que quelques photos! Topo détaillé