Voici un article qui revient sur une voie située dans le massif du Dévoluy qui nous tenait à cœur : la face nord du Pic Grillon et la belle première de la forte cordée de la Mousson en juin 1973.
Les conditions sont optimales: il n’a pas plu depuis près de 2 mois et le soleil est au rendez-vous, nous sautons donc sur l’occasion. On avait essayé d’aller voir l’année dernière mais la face était trempée, mais on s’était quand même rapproché du projet et ça nous avait fait forte impression une fois au pied: c’est long, raide, et le rocher est très herbeux et fracturé.
Cette fois-ci sera la bonne, nous partons déterminés pour une répétition en 2 jours avec un topo très correct de l’un des ouvreurs Guy Abert. C’est la seule info qu’on a réussi à trouver sur le net, aucun renseignement d’un parcours plus récent et pourtant elle est bien vendue par Cordier sur son bouquin des 100 Plus Belles.
C’est vraiment une voie marquante qui remonte l’unique ligne de faiblesse de la face, l’escalade se déroule essentiellement dans des lignes de dièdre-fissures très athlétiques pour le niveau: ici les cotations ne s’enflamment pas mais on grimpe concentré sur du rocher globalement assez correct.
L’escalade est constamment engagée et parfois exposée, les protections sont parfois rares mais dans l’ensemble excellentes: il n’y a quasiment rien en place.
En tout cas une ouverture qui impose le respect en 1973 dans ces escalades extérieures sans coinceurs, avec le pendule engagé puis la longueur suivante en mode « traversée sans-retour ».
On a bivouaqué juste avant le pendule comme les anciens, aucune plateforme confortable le tout plein gaz, prévoir des hamacs. On a mis au total 15h et dans le haut on a ouvert une superbe dernière longueur en bon rocher en plein dans la casquette sommitale, à conseiller!
Le cadre est grandiose et l’ambiance bien sauvage, une voie de grande ampleur dans un coin bien reculé qui reste un beau projet: près de 2h d’accès et de retour, la face nécessite d’être bien sèche car il y a quelques sections herbeuses bien pénibles et périlleuses … ici il y a des touffes même dans le dévers!
Un petit mot par longueur: topo détaillé
L1: remonter les gradins raides au mieux par la droite avant de gagner un replat au sommet du socle propice au relais.
L2: attaquer la fissure au mieux puis traverser à gauche pour gagner le pied du dièdre très marqué.
L3: le remonter en artif (bien bouché par endroit) puis reprendre la fissure à droite jusque sous les surplombs. Belle longueur soutenue.
L4: par la fissure moussue droit dessus puis forcer les surplombs à gauche jusqu’au pied d’un dièdre moins déversant. Superbe!
L5: le remonter jusqu’au bivouac dans une niche.
L6: penduler à gauche puis grimper pour récupérer la corniche évidente en contre-bas.
L7: continuer à traverser à gauche pour passer une interruption pleine plaque jusqu’aux gradins supérieurs. Superbe longueur exposée, chapeau l’ancien!
L8: par une grande longueur en dièdre gagner un relais sur gros coinceurs juste avant que la voie s’infléchisse à gauche dans une dalle couchée.
L9: la remonter puis franchir un passage plus raide qui donne accès à de larges gradins.
L10: gagner les gradins supérieurs de droite.
L11: franchir la casquette sommitale au mieux par la gauche, escalade magnifique et engagée.
voici quelques photos du trip